Ce matin là un cri de pygargue à répétition me tire de mes pensées. Il est 6 heures du matin. Jetant un oeil par la fenêtre de ma cabane, j’observe les alentours. Tout est calme. Appareil photo en main je marche sur le quai et débute quelques photos d’un grand Héron bleu qui a élu domicile dans la baie.
Soudain une forme à la surface interpelle mon regard. Dans le viseur tout est clair, c’est un faon qui nage dans ma direction. Les questions se bousculent dans ma tête. Il s’approche jusqu’au quai au point d’ignorer ma présence et reste là, tremblant. Petit à petit, il s’affaisse dans l’eau au point de disparaître, laissant tout juste son museau dépasser pour respirer.
À ce moment, un craquement en provenance de la forêt attire mon attention. Un animal émerge des forêts humides comme une ombre. Mon sang ne fais qu’un tour… C’est enfin lui. Il hume l’air et balaye l’horizon du regard. Il est sur les traces du faon. Devant moi, à une quinzaine de mètres se tient mon premier grand prédateur. Ça y est , il m’a vu… Une sensation intense me traverse. Durant 2 minutes, il restera là à m’observer, sans bouger, avant de replonger dans la forêt.
Etais-je le premier humain qu’il voyait ? Une chose est sûre, je venais de passer les 2 minutes les plus intenses de ma vie. Je repensais à ma conversation avec le pêcheur “Le loup ? Tu peux te lever tôt gamin ! Je ne l’ai aperçu que 3 fois en dix ans et de loin”. Je me sentis vraiment privilégié et persuadé que ce genre de chose n’arrivait qu’une fois.
La veille de mon départ, un mois plus tard, je fis la rencontre d’un second loup, comme un signe qui me disait de revenir ces terres.
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